Résidence de l’Alumnat
Scherviller (67)
« Rien ne remplace l’implication d’un maire. Fer de lance de l’Ehpad l’Alumnat à Scherwiller, au nord de Colmar, Émile Barthel dirige la commune de 1977 à 1989, puis de 1995 à 2008.
Avec le CAUE du Bas-Rhin, l’Observatoire régional de la Santé d’Alsace et le docteur
Elisabeth Kruczek, il engage en 2001 une enquête, y compris auprès de la population par voie postale, pour définir une programmation nourrie des besoins de la vie locale.
Tout y passe, l’implantation, les espaces extérieurs, le caractère privatif des chambres qui deviendront d’ailleurs des petits studios, la restauration, la salle à manger…
Bilan : un programme de 72 pages, nourri de l’intérieur, et une connivence marquée avec les architectes retenus au concours.
Autour de Scherwiller, une marée de vignes, dans le gros bourg (3300 habitants) des maisons aux toits de tuile rouge. L’Ehpad s’implante sur le flanc sud du village, à côté d’une vieille chapelle, de la maternelle et de l’école élémentaire. Après une allée de béton désactivé des parterres de graviers avec des jeux pour les enfants, la façade sur deux niveaux, sérieuse, découpée en blocs géométriques blancs, affirme la dimension publique de l’architecture. A l’arrière, son fractionnement en masses reliées et distinctes sur un plan en U autour du jardin tourné au sud laisse deviner sa raison d’être et de cœur : sa mise au service de la personne âgée. Le porche protège, les deux portes d’entrée transparentes marquent un seuil, laissent passer le jour. Après un volume un peu compressé, le hall se déploie en pivot distributif : à droite la salle à manger, en face le jardin, à gauche l’escalier en pleine lumière, vers l’étage où s’annonce son chez-soi.
Stratégie de séquences, de transitions, de graduations du collectif à l’intimité.
Pour le corps ralenti, vulnérable, un carcan un peu plus chaque jour, comment inventer une autre liberté par des articulations spatiales capables de susciter mouvements et pauses, de faire de chaque mètre un seuil, un lieu habité ? Avec un foisonnement de sollicitudes, des fuites du regard frontales, transversales, dedans-dehors, des profondeurs de champ segmentées, des riens essentiels, des banquettes ici et là, dans l’escalier aux marches de bois avec sa grande fenêtre, un évasement du couloir en petit salon jusqu’à son studio de 27 à 29 m2, sa porte palière marquée de son nom et puis son logis, dont le lit se voit de l’entrée, que l’architecte aurait souhaité contre le mur, un peu comme à la maison. Et encore des attentions, l’allège de la fenêtre bien large pour s’appuyer, regarder l’extérieur, les enfants des écoles qui ne cessent de passer.
Enfin, le monde vu couché, le plafond soigné, la ville et le paysage là tout proches, grâce à la distanciation qu’offre la façade travaillée en épaisseur. Redonner à chacun sa place ?
Le rôle éminent de l’architecture. »
Texte de Jean-François POUSSE,
Bien vieillir ensemble, Exposition à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris
Avec le CAUE du Bas-Rhin, l’Observatoire régional de la Santé d’Alsace et le docteur
Elisabeth Kruczek, il engage en 2001 une enquête, y compris auprès de la population par voie postale, pour définir une programmation nourrie des besoins de la vie locale.
Tout y passe, l’implantation, les espaces extérieurs, le caractère privatif des chambres qui deviendront d’ailleurs des petits studios, la restauration, la salle à manger…
Bilan : un programme de 72 pages, nourri de l’intérieur, et une connivence marquée avec les architectes retenus au concours.
Autour de Scherwiller, une marée de vignes, dans le gros bourg (3300 habitants) des maisons aux toits de tuile rouge. L’Ehpad s’implante sur le flanc sud du village, à côté d’une vieille chapelle, de la maternelle et de l’école élémentaire. Après une allée de béton désactivé des parterres de graviers avec des jeux pour les enfants, la façade sur deux niveaux, sérieuse, découpée en blocs géométriques blancs, affirme la dimension publique de l’architecture. A l’arrière, son fractionnement en masses reliées et distinctes sur un plan en U autour du jardin tourné au sud laisse deviner sa raison d’être et de cœur : sa mise au service de la personne âgée. Le porche protège, les deux portes d’entrée transparentes marquent un seuil, laissent passer le jour. Après un volume un peu compressé, le hall se déploie en pivot distributif : à droite la salle à manger, en face le jardin, à gauche l’escalier en pleine lumière, vers l’étage où s’annonce son chez-soi.
Stratégie de séquences, de transitions, de graduations du collectif à l’intimité.
Pour le corps ralenti, vulnérable, un carcan un peu plus chaque jour, comment inventer une autre liberté par des articulations spatiales capables de susciter mouvements et pauses, de faire de chaque mètre un seuil, un lieu habité ? Avec un foisonnement de sollicitudes, des fuites du regard frontales, transversales, dedans-dehors, des profondeurs de champ segmentées, des riens essentiels, des banquettes ici et là, dans l’escalier aux marches de bois avec sa grande fenêtre, un évasement du couloir en petit salon jusqu’à son studio de 27 à 29 m2, sa porte palière marquée de son nom et puis son logis, dont le lit se voit de l’entrée, que l’architecte aurait souhaité contre le mur, un peu comme à la maison. Et encore des attentions, l’allège de la fenêtre bien large pour s’appuyer, regarder l’extérieur, les enfants des écoles qui ne cessent de passer.
Enfin, le monde vu couché, le plafond soigné, la ville et le paysage là tout proches, grâce à la distanciation qu’offre la façade travaillée en épaisseur. Redonner à chacun sa place ?
Le rôle éminent de l’architecture. »
Texte de Jean-François POUSSE,
Bien vieillir ensemble, Exposition à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris
2011
maitrise d’ouvrage
Commune de Scherwiller / CAUE, AMO
maitrise d’œuvre
Sib études, structure / Bet G.Jost, fluides, ssi / Economie 2, économie, opc / Digitale, paysage / Ecotral, cuisine / Fred Rieffel, designer (bridges et fauteuils)
prix
Mention Palmarès de l’architecture et de l’aménagement en Alsace 2016
Lauréat Palmarès grand public archicontemporaine 2016, catégorie santé
programme
Ehpad de 46 habitations dont 12 en unité de vie protégée
photographies
Nicolas Waltefaugle
Nadège Boulmeck
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